La biodiversité n’est pas juste un
terme scientifique utilisé par les chercheurs et les savants. Ce mot, nous le
rencontrons au quotidien. Chacun de nous. La biodiversité est en effet
omniprésente autour de nous et en nous : nos aliments, le papier sur
lequel nous écrivons, l’air que nous respirons. Jusqu’à notre flore
intestinale ! Toute notre vie dépend de la biodiversité.
Nous avions déjà consacré l’Agenda
2012 de la Ville de Colmar à la question du développement durable. La
préservation de la biodiversité y prenait une large part.
Mais le sujet de la nature et de la
biodiversité est plus que jamais d’actualité, avec, en particulier, la
publication d’études récentes qui révèlent que :
-
30%
des oiseaux ont disparu de nos campagnes françaises, ces 20 dernières années
(études CNRS et Muséum d'histoire naturelle). Or toute extinction est
définitive, et il faut plusieurs centaines de milliers d’année pour que, selon
les spécialistes, une nouvelle espèce puisse émerger.
-
80
% des populations d’insectes ont chuté en Europe, en moins de 30 ans (étude
internationale publiée par la revue scientifique PLoS One). Ce
déclin est très préoccupant car les insectes constituent un maillon
essentiel dans la chaîne alimentaire. Ils jouent également un rôle essentiel
dans le processus de pollinisation.
L’effondrement de la biodiversité affecte tous les
écosystèmes et fait craindre, si rien n’est fait, une catastrophe écologique
préjudiciable à toute forme de vie sur la planète. La biodiversité désigne en
effet toutes les formes de vie sur Terre, chacune d’entre elles étant
nécessaire à la survie de toutes les autres. Les espèces sont donc
interdépendantes. De toutes les crises écologiques qui affectent notre planète,
l’érosion de la biodiversité tient le haut de l’affiche.
C’est
un paradoxe aujourd’hui : la biodiversité s’épanouit parfois davantage en
milieu urbain qu’à la campagne. Cette situation est liée à l’appauvrissement
des paysages ruraux (ex : depuis
1945, 80% des vergers ont disparu en Alsace), avec la disparition de
nombreux milieux naturels, et à une technique agricole favorisant l’emploi de
produits phytosanitaires.
Entre
changement de pratiques culturales, diminution de l’utilisation de pesticides,
protection et création de zones naturelles, des solutions existent pourtant, à
tous les niveaux, pour enrayer cette disparition.
C’est
le chemin que nous avons choisi, à Colmar, en déployant de nombreuses actions
en faveur de la préservation de la biodiversité et de la nature dans notre
Agenda 21 ; en voici quelques exemples :
-
application
du principe du « zéro phyto »
pour l’entretien des espaces verts. Les différentes techniques alternatives
utilisées sont le débroussaillage, le désherbage mécanique, le binage, le
sarclage, le paillage des massifs pour limiter le développement des adventices
et l’évaporation de l’eau, le sablage des pieds d’arbres et des allées et le
désherbage thermique, tout cela au moyen de matériel adapté comme le chalumeau
thermique ;
-
verdissement
de l’espace public, avec un minimum de 5% du montant global des travaux de
voirie consacré à la création d’espaces verts ;
-
mise
en un œuvre d’un « Plan Bleu »
qui vise à remettre à l’air libre les cours d’eau du centre-ville ;
-
opération
« un arbre un prénom » proposée
aux jeunes parents, avec la plantation d'un arbre d'alignement ou de parc
portant le nom de l'enfant ou fourniture d'un arbre à planter dans le jardin
privatif ;
-
création
de micro jardins dans les écoles, de jardins familiaux, de lieux de
convivialité et de jardins partagés : rue Etroite et
Parc Saint-François-Xavier (gestion Ville), rue de Schongau (gestion Pôle
Habitat). Un quatrième jardin partagé va être aménagé Place Billing en fin
d’année 2018 ;
-
mise
en place depuis près de 10 ans d’une Réserve Biologique Dirigée (530 Ha) sur le
massif forestier du Niederwald au nord de la ville. Dans ce cadre, un réseau
d'îlots de vieux bois a été institué par le Plan de Gestion. Le 25 juin dernier,
le Conseil Municipal a validé la transformation de cette mesure par la mise en
place de 2 îlots de sénescence (sans récolte de bois) pour une surface de 28,3
ha.
Cette décision
doit permettre d'optimiser le rôle et la richesse écologique des forêts
alluviales, de favoriser l'expression de la biodiversité forestière
(communautés animales et végétales strictement liées aux vielles forêts et au
bois mort : avifaune spécifique, chauve-souris, etc.), d'accroître le caractère
naturel et la complexité structurale des habitats forestiers et d'offrir des
habitats propices pour le développement des espèces d'intérêt communautaire de
la zone Natura 2000.
Dans ces périmètres, la Ville s'engage en effet à proscrire toute sylviculture et exploitation forestière, à ne pas autoriser la création d'aménagements ou d'équipements cynégétiques et à maîtriser la fréquentation des lieux pendant 30 ans.
-
au niveau de nos documents d’urbanisme :
a)
les
milieux naturels remarquables, les massifs boisés ainsi que les cordons arborés
accompagnant les cours d’eau sont inscrits en zone naturelle ou agricole
inconstructible. Le couloir de la Lauch est classé en zone agricole largement
inconstructible également. Il fait l’objet en outre d’un classement en
"emplacement réservé" pour en préserver la fonction de continuité
écologique ;
b)
des
dispositions réglementaires spécifiques aux fossés (interdiction de busage, de
comblement et d’enrochement, plantations privilégiant les espèces des milieux
humides) sont mises en œuvre pour préserver et restaurer, lorsque c’est
possible, les fonctionnalités hydrographiques du réseau de fossés ;
c)
dans
les Orientations d’Aménagement et de Programmation qui guident l'urbanisation
des nouveaux quartiers, des principes de préservation des espaces naturels sont
édictés par l'obligation de plantations le long des voies, l'aménagement de
parcs ... ;
d)
des mesures de protection des
vergers ont été inscrites dans le SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale :
document de planification de l’urbanisme, à l’échelle du
bassin de vie).
Cette politique d’ensemble porte ses fruits. J’en veux pour
preuve l’importance du patrimoine arboré de la Ville de Colmar, riche et varié (cf. Mot de la Semaine du 11 juin 2018) :
Notre
regard sur la nature en ville doit changer, en acceptant parfois d’être entouré
d’espaces verts qui ne sont pas totalement « jardinés » ; où
l’intervention de la main de l’homme est volontairement allégée (ex : fauches tardives, présence
d’herbes folles au pied des arbres,…).
Notre
politique s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue. Nous devons
poursuivre nos efforts, en inventant toujours de nouvelles solutions pour faire
de la nature urbaine l’un des grands enjeux environnementaux de la ville du
futur.
Vous
l’aurez compris, réconcilier nature et ville ne répond pas seulement à des
préoccupations environnementales. C’est également un facteur de confort, de
bien-être, de santé pour les habitants et les visiteurs de notre cité.
Plus
largement, préserver la biodiversité de notre planète est une composante
fondamentale à la survie de notre propre espèce. Je suis d’ailleurs de ceux qui
se réjouissent devant la proposition du Ministre de la Transition Ecologique et
Solidaire, d’inscrire la protection de l’environnement dans la Constitution.
Voilà une initiative qui, au-delà du symbole, est à la hauteur des enjeux de
notre siècle.
Soyons
alors tous ensemble les sentinelles de ce combat pour la préservation du
vivant.
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